Les Jeunes
Ce qui distingue les jeunes dans la société de cette fin de Moyen Âge, c'est le fait qu'ils soitent célibataires et dépendants économiquement. Appelés «varlests à marier ou bacheliers», ils font partie de ce que les clercs nomment «adulesentia» (de 14 à 28) ou «juventus» (de 21 à 35 ans). Ainsi, la jeunesse peut durer jusqu'à la trentaine. Dès leur majorité légale, c'est-à-dire vers 14-15 ans, les jeunes hommes frégentent les «abbayes de jeunesse», des groupements de célibataires qui, sous le contrôle d'aînés, organisent la célébration des fêtes religieuses et civiles et assurent le respect des bonnes moeurs. Pour protester contre les unions qui les lèsent - celles en particulier des veufs et veuves qui se remarient -, ou contre les couples irrégulier ou mal assortis, ils prennent l'habitude, à partir du milieur du XIVe siècle, de provoquer un «charivari», c'est-à-dire un violent chahut à grand renfort d'insultes et de bruits d'ustensiles de cuisine et de bassine entrechoquées. Il arrive parfois que leurs expéditions nocturmes contre les prétendants des villages voisins se terminent par des viols de femmes «esseulées» ou de femme qui on la réputation «de faire pour les compagnons». Par suite du manque de femmes, moins nombreuses que les hommes, beaucoup resteront célibataires toute leur vie.
Des bordels municipaux
Pour limiter les partiques interdites, mais aussi protéger les filles et les femmes «honestes» des débordements des hommes non mariés, les autorités religieuses et civiles encouragent la prostitution. À la campagne, les «femmes folieuses sont rares: elles sont généralement étrangères au village et officient à l'occasion des foires et des travaux des champs. Mais dans les villes où leur activité est bien encadrée, elles sont en nombre. Rien qu'à Paris, au temps de Villons, il y a en aurait eu plus de 3 000! Les villes françaises se dotent de bordels municipaux appelés «bourdeaux» ou «bon hostel», pour “l'utilité commune”. Affermés à une abbesse ou un tenancier qui recrutent les «putacières» ces établissements sont accessibles moyennant un à six blancs la passe. Les «maquerelles», gérantes de bordels privés, touchent un tiers des gains de leurs filles conte le logemenst, les draps et un bain par semaine. Bien que ces dernières soient contraites à travailler dans des lieux réservés et fermés, «loing de tout lieu sainct comme église ou cimetière», elles ne se privent pas de quitter les rues chaudes des quartiers populeux pour allez «monstrer testins» sur les places publiques, devant les écoles ou le long des murailles d'enceinte. Régulièrement, on les rappelle à l'ordre, comme en mai 1446, lorsque le prévôt de Paris les oblige à réintégrer leur bordel et leur interdit de proter «ceinture d'argent, ni colet renversés, ni pennes [plumes] de gris en leur robe, ni de menu vair [fourrure]...»
Les «fillettes amoureuses»
Les «fille communes» sont généralement des campagnardes «abandonnez de leurs corps», le plus souvent victime d'un viol dans leur jeune âge et qui, ainsi déshonorées, ne peuvent plus prétendre au mariage. La misère pousse aussi, en temps de crise, des mères de famille à se protituer pour nourrir leur famille. Dans son journal, un bourgeois de Paris relève qu'en 1436 les salaires sont si bas que «les bonnes femmes [...] se donnaient volontiers pour deux blancs». Se protituant occasionnellement comme «fille secrète» de quelque riche personne, des filles de 15 à 17 ans se retrouvent plus tard chambrières dans une maison de bains - «allez s'estuver» a aussi une signification «deshoneste»! ou officient comme «bordelières» dans un établissement privé, pour finir, vers la trentaine, au «bordel» municipal. Le nom de certaines d'entre elles est parvenu jusqu'à nous grâce à Villon: « La Touchaille au dur Téton », « La Vieille au cheveux blonds », « La Chance lière au Talons courts »... Bien qu'aux marges de la société, les prostituées publiques sont reconnues et intégrées: elles peuvent porter plainte pour viol et sont inhumées chrétiennement. Si les plus chanceuses, un petit pécule en poche, se réinsèrent comme servante, se marient ou deviennent tenancière à leur tour, la plus part finissent leur vie dans la misère ou à l'hôpital.
Tirée de : La vie des Français au temps de Jeanne d'Arc,
collection: L'histoire au quotidien Édition: Larousse
ps. si vous avez d'autre histoire, vous êtes les bienvenues pour nous les partager. Que ce soit au Québec dans les années 1950 ou autre j'aime bien savoir par ou on est passé!
Ce qui distingue les jeunes dans la société de cette fin de Moyen Âge, c'est le fait qu'ils soitent célibataires et dépendants économiquement. Appelés «varlests à marier ou bacheliers», ils font partie de ce que les clercs nomment «adulesentia» (de 14 à 28) ou «juventus» (de 21 à 35 ans). Ainsi, la jeunesse peut durer jusqu'à la trentaine. Dès leur majorité légale, c'est-à-dire vers 14-15 ans, les jeunes hommes frégentent les «abbayes de jeunesse», des groupements de célibataires qui, sous le contrôle d'aînés, organisent la célébration des fêtes religieuses et civiles et assurent le respect des bonnes moeurs. Pour protester contre les unions qui les lèsent - celles en particulier des veufs et veuves qui se remarient -, ou contre les couples irrégulier ou mal assortis, ils prennent l'habitude, à partir du milieur du XIVe siècle, de provoquer un «charivari», c'est-à-dire un violent chahut à grand renfort d'insultes et de bruits d'ustensiles de cuisine et de bassine entrechoquées. Il arrive parfois que leurs expéditions nocturmes contre les prétendants des villages voisins se terminent par des viols de femmes «esseulées» ou de femme qui on la réputation «de faire pour les compagnons». Par suite du manque de femmes, moins nombreuses que les hommes, beaucoup resteront célibataires toute leur vie.
Des bordels municipaux
Pour limiter les partiques interdites, mais aussi protéger les filles et les femmes «honestes» des débordements des hommes non mariés, les autorités religieuses et civiles encouragent la prostitution. À la campagne, les «femmes folieuses sont rares: elles sont généralement étrangères au village et officient à l'occasion des foires et des travaux des champs. Mais dans les villes où leur activité est bien encadrée, elles sont en nombre. Rien qu'à Paris, au temps de Villons, il y a en aurait eu plus de 3 000! Les villes françaises se dotent de bordels municipaux appelés «bourdeaux» ou «bon hostel», pour “l'utilité commune”. Affermés à une abbesse ou un tenancier qui recrutent les «putacières» ces établissements sont accessibles moyennant un à six blancs la passe. Les «maquerelles», gérantes de bordels privés, touchent un tiers des gains de leurs filles conte le logemenst, les draps et un bain par semaine. Bien que ces dernières soient contraites à travailler dans des lieux réservés et fermés, «loing de tout lieu sainct comme église ou cimetière», elles ne se privent pas de quitter les rues chaudes des quartiers populeux pour allez «monstrer testins» sur les places publiques, devant les écoles ou le long des murailles d'enceinte. Régulièrement, on les rappelle à l'ordre, comme en mai 1446, lorsque le prévôt de Paris les oblige à réintégrer leur bordel et leur interdit de proter «ceinture d'argent, ni colet renversés, ni pennes [plumes] de gris en leur robe, ni de menu vair [fourrure]...»
Les «fillettes amoureuses»
Les «fille communes» sont généralement des campagnardes «abandonnez de leurs corps», le plus souvent victime d'un viol dans leur jeune âge et qui, ainsi déshonorées, ne peuvent plus prétendre au mariage. La misère pousse aussi, en temps de crise, des mères de famille à se protituer pour nourrir leur famille. Dans son journal, un bourgeois de Paris relève qu'en 1436 les salaires sont si bas que «les bonnes femmes [...] se donnaient volontiers pour deux blancs». Se protituant occasionnellement comme «fille secrète» de quelque riche personne, des filles de 15 à 17 ans se retrouvent plus tard chambrières dans une maison de bains - «allez s'estuver» a aussi une signification «deshoneste»! ou officient comme «bordelières» dans un établissement privé, pour finir, vers la trentaine, au «bordel» municipal. Le nom de certaines d'entre elles est parvenu jusqu'à nous grâce à Villon: « La Touchaille au dur Téton », « La Vieille au cheveux blonds », « La Chance lière au Talons courts »... Bien qu'aux marges de la société, les prostituées publiques sont reconnues et intégrées: elles peuvent porter plainte pour viol et sont inhumées chrétiennement. Si les plus chanceuses, un petit pécule en poche, se réinsèrent comme servante, se marient ou deviennent tenancière à leur tour, la plus part finissent leur vie dans la misère ou à l'hôpital.
Tirée de : La vie des Français au temps de Jeanne d'Arc,
collection: L'histoire au quotidien Édition: Larousse
ps. si vous avez d'autre histoire, vous êtes les bienvenues pour nous les partager. Que ce soit au Québec dans les années 1950 ou autre j'aime bien savoir par ou on est passé!
Last edited: