I know, La Presse seems to be on a mission, the goal of that mission is unknown but it doesn't mean they aren't producing intersting articles. As you know France change their prostitution law earlier this month. On of the person that fought for the change is an ex service provider. She's from France, but I'm convinced her sentiment is shared, no mather where they are from. I couldn't find a link so I pasted the article here. What do you think?
Après la Suède, la Norvège, l’Islande et la Finlande, la France s’apprête à renverser les règles du jeu de la prostitution. Un projet de loi très controversé, qui doit être débattu à compter d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale, propose d’imposer de lourdes amendes aux clients. Parmi ses plus ardents défenseurs, l’ex-prostituée Rosen Hicher, qui a accroché ses bas résille il y a tout juste quatre ans.
Pour Rosen Hicher, se prostituer, c’est mourir à petit feu. Cette Bretonne au visage flétri sait de quoi elle parle : elle a vendu son corps pendant 22 ans. D’abord dans des bars à hôtesses, puis dans des salons de massage, sans proxénète, avec pour seul intermédiaire son cellulaire et les petites annonces qui lui permettaient de racoler ses clients.
À une époque pas si lointaine, Rosen Hicher revendiquait haut et fort son droit de pratiquer ce que le cliché désigne comme le plus vieux métier du monde. Elle a même écrit un livre à ce sujet. « Je m’y donnais l’autorisation de me vendre », constate-t-elle avec regret. Aujourd’hui, ce livre lui fait honte.
Car un jour, Rosen Hicher s’est effondrée. Son corps ne suivait plus. « J’étais au bout du rouleau, je voyais trouble, j’avais toujours mal à la gorge, aux oreilles, à l’estomac. Si j’avais continué, j’en serais morte. »
C’était le 19 octobre 2009. Ce jour-là, Rosen Hicher a senti qu’elle n’en pouvait plus. Elle a jeté son téléphone. Et… elle a dormi pendant un an.
Puis, elle est sortie du placard. Elle s’est expliquée successivement avec chacun de ses six enfants. Et elle a commencé à témoigner publiquement de son voyage de 22 ans au pays des « putes ».
Son témoignage est devenu l’un des arguments les plus puissants en faveur des changements législatifs étudiés à compter d’aujourd’hui par les députés français. Des changements qui renverseraient le fardeau de la culpabilité, en pénalisant le client et en traitant les prostituées comme des victimes d’un trafic dont elles ne sortent jamais gagnantes.
Car pour Rosen Hicher, la prostitution est toujours destructrice. Et ce n’est jamais un acte de liberté. « Au début, on est jeunes et pimpantes. À la fin, on n’est plus personne. »
Et les prostituées qui se disent libres et heureuses ? « Elles ne sont pas conscientes de ce qu’elles vivent. La prostitution détruit tout. »
La tête et le corps
Je rencontre Rosen Hicher dans les locaux du Mouvement du Nid, une organisation d’aide aux prostituées, où elle enchaîne les entrevues.
La femme qui vient à ma rencontre n’est pas maquillée, porte des vêtements informes : la coquetterie, c’est fini.
Née il y a 57 ans dans une famille de 10 enfants, Rosen Hicher a été élevée par un père militaire et alcoolique. Agressée sexuellement par un ami de son père, puis par un oncle, Rosen quitte la maison, rencontre un gars qui la passe « en tournante » à ses copains. C’est là, dit-elle, qu’elle a été « formatée » pour devenir prostituée.
Mais c’est des années plus tard, après s’être retrouvée au chômage, qu’elle a franchi le pas, en répondant à une annonce.
Peu à peu, elle tombe dans le cercle vicieux : boire pour oublier son travail. Travailler pour payer l’alcool.
Elle n’a pas de mots tendres pour ses clients : des hommes généralement mariés, à la recherche de sensations fortes. « Ils ont des fantasmes, des addictions. Ils ne sont pas capables de dire à leur femme : là, tu vas me mettre une bouteille de champagne dans l’anus… »
Puis : « Ces hommes ne sont pas en manque de sexe, mais ils ont besoin de toutes les femmes, et de toutes les positions. »
Pour supporter sans vomir l’homme qui vient acheter « un trou sur pattes », les prostituées tamisent la lumière. À la fin de sa journée, Rosen devait passer au bar, « pour se désinfecter ».
Avec le temps, il se produit une sorte de dissociation entre le corps et l’esprit. Quand elle voyait le médecin, Rosen ne savait même plus où elle avait mal.
Atteinte d’une maladie rare qui détruit les cartilages, elle est convaincue que c’est son corps qui a déclenché son mal, dans un ultime geste d’autodéfense. Pour l’arracher à ce commerce qui était en train de la transformer en morte vivante.
Quelle liberté ?
Rosen Hicher livre son témoignage avec pondération, mais quand on lui demande ce qu’elle pense des féministes qui réclament la légalisation de la prostitution au nom de la liberté de disposer de son corps, elle se met en colère.
« La liberté ? Mais quelle liberté ? Les prostituées ne font pas ce qu’elles veulent avec leur corps. Elles sont soumises au désir du client. »
En pénalisant le client, va-t-on éradiquer la prostitution ? Non, bien sûr : « La loi ne fera pas de miracles, mais au moins, elle va gérer le mal à la racine. »
Rosen Hicher croit que la prostitution est banalisée. Qu’en visant les clients, l’achat de services sexuels deviendra un acte honteux. « Moi, avec une telle loi, je n’aurais pas fait ça pendant 22 ans… »
Pour Rosen Hicher, se prostituer, c’est mourir à petit feu. Cette Bretonne au visage flétri sait de quoi elle parle : elle a vendu son corps pendant 22 ans. D’abord dans des bars à hôtesses, puis dans des salons de massage, sans proxénète, avec pour seul intermédiaire son cellulaire et les petites annonces qui lui permettaient de racoler ses clients.
À une époque pas si lointaine, Rosen Hicher revendiquait haut et fort son droit de pratiquer ce que le cliché désigne comme le plus vieux métier du monde. Elle a même écrit un livre à ce sujet. « Je m’y donnais l’autorisation de me vendre », constate-t-elle avec regret. Aujourd’hui, ce livre lui fait honte.
Car un jour, Rosen Hicher s’est effondrée. Son corps ne suivait plus. « J’étais au bout du rouleau, je voyais trouble, j’avais toujours mal à la gorge, aux oreilles, à l’estomac. Si j’avais continué, j’en serais morte. »
C’était le 19 octobre 2009. Ce jour-là, Rosen Hicher a senti qu’elle n’en pouvait plus. Elle a jeté son téléphone. Et… elle a dormi pendant un an.
Puis, elle est sortie du placard. Elle s’est expliquée successivement avec chacun de ses six enfants. Et elle a commencé à témoigner publiquement de son voyage de 22 ans au pays des « putes ».
Son témoignage est devenu l’un des arguments les plus puissants en faveur des changements législatifs étudiés à compter d’aujourd’hui par les députés français. Des changements qui renverseraient le fardeau de la culpabilité, en pénalisant le client et en traitant les prostituées comme des victimes d’un trafic dont elles ne sortent jamais gagnantes.
Car pour Rosen Hicher, la prostitution est toujours destructrice. Et ce n’est jamais un acte de liberté. « Au début, on est jeunes et pimpantes. À la fin, on n’est plus personne. »
Et les prostituées qui se disent libres et heureuses ? « Elles ne sont pas conscientes de ce qu’elles vivent. La prostitution détruit tout. »
La tête et le corps
Je rencontre Rosen Hicher dans les locaux du Mouvement du Nid, une organisation d’aide aux prostituées, où elle enchaîne les entrevues.
La femme qui vient à ma rencontre n’est pas maquillée, porte des vêtements informes : la coquetterie, c’est fini.
Née il y a 57 ans dans une famille de 10 enfants, Rosen Hicher a été élevée par un père militaire et alcoolique. Agressée sexuellement par un ami de son père, puis par un oncle, Rosen quitte la maison, rencontre un gars qui la passe « en tournante » à ses copains. C’est là, dit-elle, qu’elle a été « formatée » pour devenir prostituée.
Mais c’est des années plus tard, après s’être retrouvée au chômage, qu’elle a franchi le pas, en répondant à une annonce.
Peu à peu, elle tombe dans le cercle vicieux : boire pour oublier son travail. Travailler pour payer l’alcool.
Elle n’a pas de mots tendres pour ses clients : des hommes généralement mariés, à la recherche de sensations fortes. « Ils ont des fantasmes, des addictions. Ils ne sont pas capables de dire à leur femme : là, tu vas me mettre une bouteille de champagne dans l’anus… »
Puis : « Ces hommes ne sont pas en manque de sexe, mais ils ont besoin de toutes les femmes, et de toutes les positions. »
Pour supporter sans vomir l’homme qui vient acheter « un trou sur pattes », les prostituées tamisent la lumière. À la fin de sa journée, Rosen devait passer au bar, « pour se désinfecter ».
Avec le temps, il se produit une sorte de dissociation entre le corps et l’esprit. Quand elle voyait le médecin, Rosen ne savait même plus où elle avait mal.
Atteinte d’une maladie rare qui détruit les cartilages, elle est convaincue que c’est son corps qui a déclenché son mal, dans un ultime geste d’autodéfense. Pour l’arracher à ce commerce qui était en train de la transformer en morte vivante.
Quelle liberté ?
Rosen Hicher livre son témoignage avec pondération, mais quand on lui demande ce qu’elle pense des féministes qui réclament la légalisation de la prostitution au nom de la liberté de disposer de son corps, elle se met en colère.
« La liberté ? Mais quelle liberté ? Les prostituées ne font pas ce qu’elles veulent avec leur corps. Elles sont soumises au désir du client. »
En pénalisant le client, va-t-on éradiquer la prostitution ? Non, bien sûr : « La loi ne fera pas de miracles, mais au moins, elle va gérer le mal à la racine. »
Rosen Hicher croit que la prostitution est banalisée. Qu’en visant les clients, l’achat de services sexuels deviendra un acte honteux. « Moi, avec une telle loi, je n’aurais pas fait ça pendant 22 ans… »