3000 $ par semaine est un calcul purement théorique, tel que présenté dans le post #10. La réalité est sans doute plus proche du témoignage rapporté par
Mr Scorpio dans le poste #25 ("$500-$1000/week is more realistic. [...] maybe they will make $1500 but thats exceptional"). Une évaluation que semble d’ailleurs corroborer
RoseDelacourt (post #45), dulcinée qui doit savoir de quoi elle parle, j’imagine.
Coupons alors la poire en deux, si vous voulez bien, pour tenter de rallier toutes les parties: 1500 $ par semaine, ce qui est encore très généreux selon moi. Ou 75 000 $ par année, bruts (pour 50 semaines). Un relatif bon salaire. Là-dessus, quelque 23 000 $ ne seront pas versés en impôts (fédéraux et provinciaux). Mettons cette somme de côté pour l’instant. On y reviendra.
Il faut considérer que la travailleuse du sexe doit puiser à même les 52 000 $ restants pour assurer elle-même l’équivalent de ses propres avantages sociaux: vacances, congés fériés, congés de maladie, congés de maternité, assurance- salaire, fonds de retraite, etc. Évidemment, elle ne peut pas contribuer à des régimes publics comme la Régie des rentes et l’assurance-chômage.
Si elle est très prévoyante et surtout très disciplinée (je lui souhaite), on peut estimer qu’il lui restera 42 000 $ dans les poches, une fois qu’elle aura pourvu à ces nécessités. C’est excellent comparativement au travailleur moyen, on sera d’accord. Sauf si on prend en compte la durée: elle ne bossera pas dans un salon de massage toute sa vie pour prendre sa retraite à 65 ans!
La manne, si on peut dire, ne va donc durer qu’un temps. Tant qu’elle sera attrayante dans une industrie ultra compétitive qui carbure à la viande fraîche. Si elle dure dix ans, ce sera un exploit. Combien parmi vous ici en connaissent? Le taux de roulement est effarant. Les raisons qui l’expliquent sont en soi une réponse à ce thread.
Mais revenons maintenant aux 23 000 $ en impôts non versés. Évidemment, on est en plein dans le travail au noir ici. Les salons de massage, je vous le rappelle, chers merbistes, sont des endroits illégaux, même s’ils sont tolérés. Il est donc évident qu’une SW ne va pas déclarer lesdits revenus.
Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs? Surtout qu'il y a des risque évidents liés au travail du sexe: risques sanitaires (ITS), risques psychologiques, risques physiques (violence), insécurité, stigmatisation sociale, précarité, etc. Beaucoup les ont soulignés avec justesse dans les post #8, #9, #11, #15 et #17 notamment.
C’est même très bien documenté par la Cour suprême du Canada, qui a invalidé plusieurs dispositions du Code criminel en 2014, jugeant qu’il n’y avait pas lieu d’accabler davantage des femmes (et des hommes) déjà durement éprouvées socialement. Ce qui doit bien vouloir dire (et valoir) quelque chose, n'est-ce pas?
Alors si un juste prix doit se rattacher à tous ces risques, et à défaut d’avoir une Régie du travail du sexe pour en décider, ceux-ci valent bien la somme correspondant à l’évitement fiscal dont il est ici question (23 000 $). C’est évidemment une considération personnelle, mais je suis certain que toutes les
RoseDelacourt de ce monde seraient assez de mon avis.
Il y a également les lois du marché qui entrent en ligne de compte. Les prix s’ajustent à la demande. Les utilisateurs exercent de la pression sur cette offre et sur les prix quand ils exigent qu’une fille soit belle, sexy, avenante, douée, cochonne à l’os,
no clockwatcher, etc. Là aussi, il y a une plus-value qui doit être rémunérée. Sinon, on se contenterait tous volontiers de laiderons aux talents approximatifs, voire de simples
glory holes.
Alors,
easy money or not? Argent mérité ou non, laisse presque sous-entendre la question.
Si on se concentre sur un seul aspect des choses, on peut en arriver à la conclusion que, oui, c’est de l’argent facile, surtout au sortir d’une séance décevante. C’est compréhensible. Si on remet les choses en perspective par contre, on voudra bien considérer que non. À preuve le prix qu'on est prêt à y mettre pour satisfaire les envies de sa bite, spécialement quand on en fait une habitude.
Finalement, et que je sache, il n’y a pas de mot d’ordre parmi les préposées aux bénéficiaires (dont on a parlé beaucoup plus haut) pour
upgrader leur carrière en travailleuses du sexe. J’imagine que tout cet argent à portée de main ne doit pas leur apparaître aussi facile que ça, car la très vaste majorité se résignent malgré tout à ramasser des draps souvent souillés de merde, plutôt que des serviettes maculées de vous savez quoi...
En clair, à 500 $ ou à 750 $ ou à 1000 $ ou peut-être (!!!) à 1500 $, voire (très impropablement) à 3000 $ par semaine, ce n'est jamais de l'argent facile.